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Comment se passe l'instruction d’un permis de construire ?

  • Photo du rédacteur: Rachel Kumar
    Rachel Kumar
  • 3 juin
  • 5 min de lecture

L’instruction d’un permis de construire constitue une procédure réglementée, qui obéit à une série d’étapes techniques et juridiques. Elle vise à garantir la conformité du projet aux règles d’urbanisme en vigueur. Qu’il s’agisse d’une maison individuelle, d’un bâtiment collectif ou d’un équipement public, chaque dossier suit un cheminement précis, depuis le dépôt jusqu’à la décision finale. Comprendre comment se passe cette instruction permet d’anticiper les délais, les contraintes et les éventuelles modifications à apporter au projet.


Les grandes étapes de l'instruction d’un permis de construire


la phase de dépôt et de vérification de la complétude

Le processus débute par le dépôt du dossier en mairie ou via la plateforme numérique dédiée. Un récépissé de dépôt est immédiatement remis au pétitionnaire. Ce document mentionne notamment la date de dépôt et le délai légal d’instruction. Toutefois, ce délai ne commence véritablement à courir qu’à partir du moment où le dossier est complet.

La mairie ou le service instructeur dispose d’un délai d’un mois à compter du dépôt pour vérifier la complétude du dossier. Si des pièces manquent ou si certaines informations sont erronées, une demande de pièces complémentaires est formulée. Le délai d’instruction est alors suspendu jusqu’à réception des éléments attendus.


L'étude technique par le service instructeur

Une fois le dossier complet, l’analyse de fond commence. Le service instructeur, qu’il soit communal, intercommunal ou d’État, examine la conformité du projet au regard du plan local d’urbanisme (PLU), des servitudes d’utilité publique, du règlement national d’urbanisme (RNU), et de toute autre règle en vigueur.

Sont notamment vérifiés la nature de l’implantation, la hauteur des constructions, l’emprise au sol, le traitement des façades, l’accès à la voie publique ou encore le respect des distances séparatives. Cette analyse peut donner lieu à des échanges internes, des visites de terrain ou des sollicitations de services extérieurs.


Comment se passe l'instruction d’un permis de construire ?

Les consultations obligatoires et facultatives

Certains projets nécessitent des consultations formelles auprès de services extérieurs. Ces avis, bien que parfois consultatifs, ont une incidence sur le calendrier. Un projet situé dans le périmètre de protection d’un monument historique nécessitera l’avis de l’architecte des bâtiments de France (ABF). D’autres services peuvent être concernés : sécurité incendie, gestionnaires de réseaux, DDT, préfecture, chambre d’agriculture, etc.

La transmission des dossiers à ces entités peut entraîner une majoration du délai d’instruction, généralement d’un mois supplémentaire. Les services consultés doivent rendre leur avis dans un délai imparti. À défaut, leur silence peut valoir avis favorable ou défavorable, selon les cas.


Les délais d’instruction applicables selon le type de projet


Les délais de droit commun

Les délais légaux d’instruction sont définis par le code de l’urbanisme. Pour une maison individuelle ou ses annexes, le délai est de deux mois à compter de la date de complétude du dossier. Pour les autres constructions, notamment les immeubles d’habitation, équipements publics ou locaux commerciaux, le délai passe à trois mois.

Ces délais tiennent compte des consultations de droit commun. Toutefois, ils peuvent être prolongés dans plusieurs hypothèses réglementées.


Les cas de majoration ou de suspension

Des circonstances particulières peuvent allonger ces délais. C’est notamment le cas lorsque le projet est situé dans un secteur protégé, à proximité d’un site classé ou d’un monument historique ou lorsque le projet concerne un établissement recevant du public. Une demande de pièces complémentaires formulée dans le mois suivant le dépôt interrompt également le délai jusqu’à la réception complète des documents demandés.

En outre, l’administration peut décider de surseoir à statuer si le projet entre en contradiction avec un document d’urbanisme en cours d’élaboration. Ce sursis doit être motivé et notifié dans les délais impartis.


Les échanges entre pétitionnaire et administration pendant l’instruction


La demande de pièces complémentaires

Le code de l’urbanisme autorise le service instructeur à solliciter des pièces manquantes ou mal renseignées dans un délai d’un mois après le dépôt. Le demandeur dispose alors de trois mois pour fournir les éléments exigés. Durant cette période, le délai d’instruction est suspendu. Si le pétitionnaire ne répond pas dans les temps, la demande est alors tacitement rejetée.

La réception des pièces attendues permet de repartir le délai à zéro, à partir de la date de dépôt du complément. Cela allonge de fait la durée totale du traitement du dossier, ce qui nécessite d’anticiper cette éventualité dès la phase de montage du projet.


Les ajustements du projet en cours d’instruction

Il arrive qu’un échange informel permette de rectifier certains éléments du projet sans formaliser un nouveau dépôt. Toutefois, ces modifications mineures doivent rester dans les limites du projet initial. Si les changements portent sur des éléments substantiels (surface, implantation, destination), un nouveau permis ou un permis modificatif pourra être exigé.

Les instructeurs peuvent proposer des ajustements pour faciliter une issue favorable, mais rien ne les y oblige. La démarche repose souvent sur la qualité du dialogue entre le porteur de projet et les services administratifs.


La décision de l’administration : quelles issues possibles ?


L'accord tacite ou exprès

Lorsque le dossier est conforme, la décision peut prendre la forme d’un arrêté exprès signé par l’autorité compétente (maire ou préfet). Cet arrêté est notifié au pétitionnaire par courrier recommandé ou voie dématérialisée. En l’absence de réponse dans le délai légal, le permis est tacitement accordé. Cette décision implicite a la même valeur juridique qu’un arrêté écrit.

Le bénéficiaire d’un permis tacite peut en demander la certification auprès de la mairie. Ce certificat est souvent requis pour la suite des démarches, notamment auprès des banques ou des assurances.


Le refus de permis de construire

En cas de non-conformité aux règles d’urbanisme, l’administration peut refuser le permis. Ce refus doit être motivé et notifié dans les délais légaux. À défaut, le silence de l’administration peut valoir acceptation. Le pétitionnaire dispose alors de voies de recours, à commencer par un recours gracieux devant l’autorité signataire, puis éventuellement un recours contentieux devant le tribunal administratif.

Un refus peut aussi être implicite si aucun arrêté n’est notifié et que le délai d’instruction est dépassé sans réponse. Toutefois, cette hypothèse est rare, elle concerne en général les projet situés en site protégés pour lesquels l’ABF a émis un avis défavorable ou un avis favorable avec prescriptions.


Le retrait ou l’annulation du permis après délivrance

Même après sa délivrance, un permis peut faire l’objet d’un retrait administratif dans un délai de trois mois s’il a été accordé illégalement. Par ailleurs, les tiers peuvent contester le permis dans un délai de deux mois à compter de l’affichage en mairie ou sur le terrain. Ce recours peut être gracieux ou contentieux.

Au-delà de ces délais, le permis devient définitif, sous réserve d’une régularité formelle du dossier et du respect des obligations d’affichage. La sécurité juridique du bénéficiaire dépend donc aussi de son respect rigoureux des formalités postérieures à l’instruction.


Focus : rôle du service instructeur dans l’analyse du dossier


Les compétences de l’autorité compétente

L’instruction peut être assurée par la commune, l’établissement public de coopération intercommunale (EPCI), ou l’État, selon le contexte. Le maire est généralement l’autorité signataire dans les communes dotées d’un document d’urbanisme. Dans  d’autres cas, le préfet peut signer le permis, notamment pour les dossiers qui relèvent de la compétence de l’Etat (ex : centrale photovoltaïque au sol).

Certains EPCI ont mutualisé leurs services, ce qui permet une standardisation des pratiques et un meilleur accompagnement des communes membres. L’organisation locale influence donc directement la qualité et la rapidité de l’instruction.


Les outils utilisés pour l’instruction

Les instructeurs s’appuient sur des outils numériques et cartographiques : cadastre, plan local d’urbanisme, servitudes, zones à risques, etc. Ils utilisent également des logiciels métiers (NextADS, Cart@ds, Oxalis, etc.) et la plateforme nationale PLAT’AU pour les échanges dématérialisés avec les services consultés.

L’analyse repose aussi sur une lecture juridique approfondie des documents d’urbanisme, en lien avec les jurisprudences récentes et les doctrines administratives. La maîtrise de ces outils et de cette technicité constitue la garantie d’un traitement rigoureux et sécurisé des autorisations d’urbanisme.

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